Accueil > Vie de l’établissement > Action : « Silence, on lit ! »

Action : « Silence, on lit ! »

Pour avoir des informations complémentaires, nous avons interviewé la personne l´ayant proposée, Mme Lemarquand.
Voici ce que nous lui avons demandé :

- Comment vous est venu l’idée de proposer cette action au sein du collège ?

Mme Lemarquand : J’ai tout simplement souhaité reproduire au collège Rosa Bonheur une action mise en place dans plusieurs établissements, notamment celui dans lequel j’enseignais l’an dernier. Nous en avons parlé en début d’année avec les professeurs de lettres, ainsi qu’avec Mme De Robien. Certains assistants d’éducation ont également exprimé leur désir de voir ce projet se concrétiser. C’est ainsi qu’il a été décidé de mettre en place "Silence ; on lit" dès janvier 2020.

- Pourquoi proposer cette action ?

Tout d’abord, il convient de savoir que le fait de mettre l’accent sur la lecture est une demande ministérielle : l’Education Nationale souhaite que les collégiens passent davantage de temps à lire, découvrent ou cultivent le plaisir engendré par la lecture. L’action "Silence, on lit" est un moyen de satisfaire cette directive de l’Etat et il se trouve qu’elle semble être une réussite dans les établissements dans lesquels elle est mise en place.

D’autre part, les professionnels de l’éducation sont nombreux à constater que les adolescents lisent de moins en moins, préférant consacrer davantage de temps à l’utilisation des écrans (télévision, jeux vidéos, portable, tablette...) Or, lire stimule l’imagination, développe le vocabulaire, permet de visualiser l’orthographe des mots et familiarise le lecteur. avec certaines structures grammaticales. C’est une pratique qui, en plus d’améliorer la maîtrise de la langue, contribue au bien-être. Lire ne présente que des avantages : cela apaise, divertit, fait réagir, enrichit...

Enfin, ce dispositif a également un autre but : lutter contre l’illettrisme. Il s’agit de l’incapacité de déchiffrer un texte pourtant simple. On estime que 7 % de la population française adulte âgée de 18 à 65 ans (ayant été scolarisée en France) est en situation d’illettrisme. Cela semble peu mais il faut bien avoir à l’esprit que cela représente 2 500 000 personnes en métropole... Plus de la moitié d’entre elles ont un emploi, ainsi c’est un phénomène très grave qui touche également le monde du travail. Il est donc fondamental que l’école permette à chacun de pouvoir et savoir lire convenablement.

- Existe-t-elle dans d’autres collèges ?

"Silence, on lit" existe bien évidemment dans d’autres collèges mais aussi dans des écoles élémentaires.

- Comment s’organise-t-elle (durée, périodicité,type de lecture,...) ?

Cette action est normalement mise en place de manière définitive et en continu. Il s’agit de pouvoir bénéficier, chaque jour et toute l’année, de quinze minutes de lecture en autonomie. Le principe laisse énormément de liberté aux élèves en ce qui concerne le choix des oeuvres qu’ils lisent : nous n’imposons rien. L’objectif étant que ce moment soit un instant de plaisir, il semble inconcevable d’interdire quoique ce soit à qui que ce soit, dès l’instant que la lecture reste convenable bien évidemment.

- Est-ce que tout l’établissement est concerné ?

Absolument ! C’est le principe de "Silence, on lit", chaque agent du collège, chaque personnel est mis à contribution et doit penser à se munir d’un livre, magazine, journal... Tout le monde joue le jeu, même si cela demande davantage d’organisation pour certains.

- Quelle a été la réaction de vos collègues lors de la proposition de cet action ?

Les collègues ont été enthousiastes. Sur le principe, c’est une action qui séduit. Dans la mise en place, cela demande forcément un effort de la part de chacun et une concertation afin de définir le meilleur déroulement possible pour garantir la durabilité du projet.

- Y’a t’il une période d’essai ou cette action se passera officiellement toute l’année ?

La période de janvier jusqu’aux vacances de février nous permet de tester le dispositif tel qu’il est mis en place actuellement : quinze minutes par jour, horaire variable chaque semaine, affichage explicite, participation des élèves... Si nous constatons que tout fonctionne comme nous le souhaitons, il sera maintenu ainsi. Autrement, nous procéderons à des ajustements.

-Quelles consignes pour les élèves ?

Les élèves doivent bien comprendre que ce n’est pas une punition mais, au contraire, un moment de relaxation, de calme, qui leur est offert. Pour que ce temps leur soit bénéfique, il est important de réfléchir à la manière dont ils souhaitent l’exploiter en choisissant leur lecture avec soin. On peut décider d’en profiter pour s’avancer dans ses lectures scolaires et ainsi lire l’oeuvre étudiée en français ou un livre en rapport avec le sujet d’un exposé, d’un devoir. On peut, au contraire, décider que ce moment est une pause dans la journée de travail et préférer lire un ouvrage divertissant, humoristique, un magazine en rapport avec une passion. Enfin, lire peut servir à enrichir sa culture, aussi certains choisiront de lire un journal, une revue scientifique...

Les élèves doivent également penser à renouveler leur lecture dès qu’ils l’ont achevée sinon cela n’a aucun sens. Il ne faut pas hésiter à aller emprunter une oeuvre au CDI, à sélectionner un livre chez soi et à bien penser à l’avoir dans son sac tous les jours. Il est possible aussi de partager sa lecture avec les autres en leur conseillant de lire tel ou tel ouvrage, en dehors des moments de lecture bien sûr.

Pour finir, le dispositif est clair, il se nomme "Silence, on lit". La notion de calme, d’abord, est très importante : on ne lit pas efficacement dans le brouhaha et on ne permet pas aux autres de lire sereinement si on chahute alors qu’ils essayent de lire. Enfin, faire semblant de lire n’apporte rien. Il convient donc de se forcer au début pour ceux qui n’aimeraient pas cela. Pour prendre plaisir à faire quelque chose, il faut souvent fournir un effort au départ.

- Que feront les élèves sans livre ?

Les élèves qui oublient leur livre pourront s’en faire prêter par des camarades, par le professeur ou par l’AED. Néanmoins, le principe stipule que chacun est autonome et apporte une lecture qui lui plaît. C’est donc quelque chose qui s’anticipe et les oublis devront être de plus en plus rares.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à aller voir Mme Lemarquand.

Les journalistes du CRBnews